Voici, pour commencer, la meilleure définition du stéréotype que je connaisse :
Un stéréotype est un raccourci mental que l’on empreinte lorsqu’on essaie d’interpréter les actions et les pensées des autres.
Prenons-en un exemple sensible. Depuis 2015, après l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo, une nouvelle tendance est apparue sur les réseaux sociaux. De nombreuses publications nous interpelaient avec la question suivante : « Est-ce que les vies des Musulmans valent moins que les vies des Occidentaux ? ». Ces publications comparaient la couverture médiatique massive de l’attaque à Paris avec le silence relatif à propos d’attaques beaucoup plus meurtrières dans le monde musulman. Cette tendance s’est amplifiée après les attentats de Paris (Novembre 2015) et de Bruxelles (Mars 2016). Maintenant, si je veux discuter de ce phénomène avec un Musulman, il est possible que nous terminions l’échange en nous jetant des stéréotypes à la figure : « Vous, les Musulmans, êtes convaincus que le monde est contre vous », « Vous, les occidentaux, êtes islamophobes »…
Pour éviter d’en arriver là, voici deux principes de communication interculturelle :
1) Toutes les différences culturelles vont sembler réductrices ou offensantes si elles ne sont formulées avec tact
2) Ne vous considérez jamais comme un expert de la culture d’un autre
Si vous n’appliquez pas ces principes, tous les modèles pour la communication interculturelle, de Hoffstede à Lewis, aussi sérieux soient-ils, seront vains. Vous ne trouverez jamais un trait de la culture Française, Japonaise, Italienne ou Marocaine qui s’appliquerait à n’importe quel Français, Japonais, Italien ou Marocain. Et il y a une bonne raison à cela : les humains sont subtils, nuancés et en constante évolution. Nous n’aimons que quelqu’un affirme nous avoir compris sans nous donner une chance de montrer à quel point nous sommes uniques.
En conséquence, si vous voulez apprendre la communication interculturelle, vous devez apprendre la rhétorique : comment prendre en compte l’identité (ethos) et les sentiments (pathos) de l’autre lorsque nous communiquons avec lui ? Comment formuler avec tact (logos) les différences culturelles que nous percevons ? Voici mon conseil : mettez l’autre en position d’expert de sa culture. Posez des questions ouvertes et luttez aussi fort que possible contre notre tendance naturelle à trouver des confirmations de nos croyances. Ce n’est pas une mince affaire. Mais l’artisanat rhétorique est avec vous.